Un peu d'histoire
Le nom "Croisilles" viendrait de cruciolue, diminutif de crux, croix. Les Croisilles, grande famille chevaleresque, ont laissé leurs armes à la commune.
Cette seigneurie est passée vers 1200 aux châtelains de Bapaume puis aux Beaussart, connétables de Flandre, aux Melun,
aux Montmorency, aux Grand-Isenghien et aux Bancas-Louvraguais.
En 1725, l'ancienne maladrerie est transformée en hôpital.
En 1917, la commune est totalement détruite par l'ennemi qui semble avoir enlevé le beau mobilier de l'église.
Enfin, elle subit de violents combats en août 1918.
Croisilles au travers des siècles
Croisilles est un village très ancien. Des découvertes souvent renouvelées prouvent que cette commune fut sous la domination des romains puis un très grand centre de population au IIIème siècle. Son nom proviendrait soit de l'établissement au VIème siècle de cellules d'ermites et de petites croix au lieu dit le Retz les Prêtres, soit de la forme du terroir partagé en quatre par deux rues se coupant en angle droit. Quoiqu'il en soit, le nom de Croisilles vient du mot croix.
En 1827, des ossements fossiles de grande dimension ont été trouvés sur le territoire de Croisilles. Une momie a aussi été découverte à Croisilles. La taille de celle-ci, d'après les radiographies réalisées, serait celle d'un nouveau né dont le sexe n'aurait pas été déterminé. Elle daterait d'environ 300 ans avant Jésus Christ. Actuellement, elle est exposée dans l'église de la commune. Il ne s'agit pas d'une momie princière, car les princes étaient momifiés d'une manière beaucoup plus soigneuse. De plus, cette momie eut les membres brisés.
Cette terre a toujours été possédée par les plus nobles Maisons. Dès l'an 1024, Heylou de Croisilles était reconnu comme l'un des puissants seigneurs du comté d'Artois. Il fut l'ambassadeur de l'empereur Henri II le saint, empereur germanique, avec Gérard Ier, évêque de Cambrai, auprès de Robert II le preux, roi de France, fils et successeur d'Hugues Capet. Le château fort des seigneurs de Croisilles occupait un emplacement près de l'église. Ces derniers ont fondé une maladrerie (maison de lépreux) qui fut par la suite transférée à l'hôpital d'Arras en 1668.
Au XVIIème siècle, le curé de Croisilles, Philippe Boucher, fut considéré comme un véritable bienfaiteur pour la commune. Natif du village, il administra la cure pendant 41 ans. Sa vie et sa fortune furent consacrées au soulagement des malheureux et il fit de très nombreuses donations à sa mort. Il donna notamment trois bourses destinées à l'éducation des pauvres étudiants de la commune. Il légua aux plus déshérités des terres dont ils jouissent encore aujourd'hui, par l'intermédiaire du Centre Communal d'Action Sociale. Il mourut en 1646 à l'âge de 84 ans et fut enterré dans le sanctuaire de l'église. Son testament donna lieu à un très long procès appelé “Procès d'Artois”.
Après avoir longtemps été dans la famille Montmorency, les terres de Croisilles appartenaient jusqu'en 1789 à la Comtesse de Lauraguais qui fut une victime parmi d'autres du règne de la Terreur.
Au cours de la guerre 14-18, Croisilles fut complètement détruit et reconstruit.
Le 24 septembre 1944, un V2, arme secrète allemande, tomba sur le village, tua 6 habitants et en blessa de nombreux autres. De nombreux et important dégâts ont été occasionnés aux habitations qui furent reconstruites après la guerre.
Croisilles eut l'honneur de fournir deux grandes vedettes dans le domaine du sport. Au début de ce siècle, rue d'Héninel, habitait Georges Carpentier qui devint champion du monde de boxe. En 1910, il boxa à Croisilles contre un adversaire anglais dans une salle d'un café de la commune, le café Godart, situé sur la place du village, à l'endroit actuel du Crédit Agricole. Ensuite, il y eut François Vasse, dans le domaine du football, né à Croisilles et habitant rue de Boyelles. Ce champion prit ses marques au racing club d'Arras, avant d'être sélectionné une vingtaine de fois dans l'équipe de France. Ses premières victoires eurent Croisilles comme théâtre.
Le désastre de 14-18
La commune de Croisilles a été entièrement dévastée lors de la Première Guerre Mondiale. Ceci explique aussi l'absence d'archives historiques antérieures dont nous devrions disposer.
Le crash de 1944
Article paru dans La Voix du Nord le 26 juin 2000 à l'occasion de la visite de la sœur du pilote de l'avion à Croisilles :
La nuit du 15 au 16 juin 1944, un bombardier Lancaster du 514 Squatron de la Royal Air Force revenait d'une mission de bombardement sur Valenciennes. Pris sous le tir d'un chasseur allemand, l'avion perdit l'aile gauche. La porte s'étant bloquée, les sept occupants de l'appareil ne purent sauter en parachute et l'avion s'écrasa dans un champ sur le territoire de Croisilles, en bordure d'Ecoust St Mein, au lieu dit l’Homme-mort. Six aviateurs y trouvèrent une mort atroce : Bert Holmes, John Porrelli (35 ans), mitrailleurs ; Harry Osborn (20 ans) mécanicien, Ted Prowles (21 ans), pilote ; Raymond Surtees, radio ; et Ronald Spencer (29 ans), bombardier. Seul le lieutenant australien A.H. Morrisson, fortement choqué et blessé s'en sortit. Les corps affreusement mutilés furent ramassés, le 16 juin à 18h, sous la surveillance de M. Arbeltier, maire, avec le concours de M. Milon, fossoyeur et de quelques bénévoles, puis ramenés au village dans un chariot hippomobile de M. Opigez, conduit par Henri Pouillaude. Des cercueils ayant été fabriqués par Emile Lepot et Léon Thorel, les obsèques ont eu lieu le dimanche 18 juin en présence d'une foule considérable. MM. Henri Sauvage et Ancèle ont mis gracieusement des attelages en vue du transport des cercueils et des nombreuses gerbes de fleurs. Les corps ont été inhumés dans le cimetière britannique. Cette semaine, période anniversaire du crash, la sœur du pilote, Dorothy Prowles et son époux Douglas Thornton, sont venus d'Angleterre passer quelques jours à Croisilles. Reçus à la Mairie par Gérard Dué, maire, et Gilbert Cuvilliez, premier adjoint, ils ont évoqué à l'aide de photos et de documents la nuit tragique de juin 1944. Ils sont allés se recueillir sur les tombes des aviateurs disparus.
Plusieurs recherches ont été réalisées afin de recomposer le véritable récit du crash et des événements qui ont suivi. Les témoignages recueillis étant contradictoires, il est impossible de connaître l'exacte vérité de cette histoire. Dorothy Prowles, la sœur du pilote disparu se rend régulièrement à Croisilles afin de se recueillir sur la tombe de son frère Ted. Elle a entrepris des recherches de son côté et regrette également de ne pas connaître l'entière vérité. Plusieurs récits passionnants ont été rapportés mais du fait de leur contradiction, Dorothy souhaite les tenir secrets. Cependant elle tient particulièrement à remercier la population de Croisilles et des environs qui ont organisé des funérailles dignes de l'héroïsme de l'équipage de l'avion.